Les différents dispositifs de contrôle d’examens à distance

La situation sanitaire due à la Covid-19 a mise à rude épreuve l’organisation des épreuves du baccalauréat 2020. Pour beaucoup le baccalauréat 2020 a été ‘donné’ et les chiffres du ministère de l’éducation sont unanimes c’est une année record quelle que soit la voie analysée (générale, technique, professionnelle). Le constat est clair, Le système éducatif n’était pas prêt à réaliser un examen à l’échelle nationale en distanciel. On ne peut pas parler de manque de temps, ni mettre en défaut la technologie qui permettrait de le faire alors nous avons voulu en savoir plus sur les différents dispositifs de contrôle à distance qui existent et ce qui pourrait être fait.

Suivi en distanciel du contrôle continu des premières et terminales

Avec un résultat record de 97.6% de réussite dans la filière générale, le baccalauréat 2020 n’a pas eu lieu. Examen mythique qui depuis des décennies clôturait le cycle scolaire des lycéens, le baccalauréat 2020 n’a pas eu lieu pour les raisons sanitaires que nous connaissons tous, remplacé par un examen continu et au bon vouloir des enseignants et des établissements. Toutes les filières du baccalauréat ont bénéficié de taux records grâce à cette note continue, et les élèves ayant obtenu le baccalauréat se feront charrier de longues années sur le fait d’avoir reçu le baccalauréat en cadeau…

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Aurait-on pu faire autrement ? Probablement pas, et la principale raison est le manque de moyens et l’inégalité entre les élèves. Proposer un examen en distanciel, c’est avant tout s’assurer que chaque étudiant est en mesure de se retrouver chez lui dans des conditions d’examen optimales, c’est-à-dire, dans une chambre isolée, face à un ordinateur, avec un débit internet correct pour pouvoir réaliser l’épreuve. Ce sont des prérequis simples, mais à l’échelle nationale, cela ne l’est pas, et ces conditions ne pouvant être remplies, l’option n’a probablement même pas été envisagée sérieusement.

Autre point des plus importants, la fraude, comment s’assurer de l’intégrité des épreuves s’il n’est pas possible de contrôler les candidats durant l’examen. Pour les mêmes raisons évidentes, comment s’assurer que l’étudiant qui planche et qui va rendre sa copie est bien l’étudiant censé le faire ? Un moyen de contrôle poussé, avec des caméras de contrôles et des examinateurs devant chaque écran auraient été nécessaire et personne n’était prêt à cela.

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Pourtant des dispositifs d’examen existent et nous allons voir ce qu’ils proposent et leur fonctionnement.

Examens en distanciel – Ce que proposent les dispositifs existants

La technologie existe, et passer un examen via internet est possible, pour preuve les systèmes en place aujourd’hui. Tous ont un objectif commun, permettre à l’étudiant de passer son examen dans les meilleures conditions possibles tout en garantissant que le risque de fraude et de triche est parfaitement contrôlé.

Pour exemple, nous allons vous parler de 3 dispositifs :

Le dispositif testwe

En amont de l’examen, le candidat se fait photographier avec sa carte d’identité afin que le système puisse valider son authentification.

Les fonctionnalités de l’ordinateur sont verrouillées pendant l’examen.

Le système va photographier aléatoirement le candidat pendant l’examen. Ces photos mises bout à bout créent un ‘film’ visionnable en accéléré après l’examen (d’où l’intérêt de pouvoir travailler off line) pour valider qu’il était seul durant l’examen et que personne n’a interagi avec lui. Les fonctions audio de la webcam sont également utilisées pour les mêmes raisons de contrôles anti-fraude. Le système testwe se targue d’être en parfaite conformité avec les normes européennes (donc françaises) en matière de respect et de protection des candidats.

Le dispositif Mereos

Tout comme le système testwe, le dispositif Mereos verrouille le navigateur du PC, en revanche, mereos enregistre en continu le candidat (webcam) ainsi que l’écran (système), mais se targue de ne traiter aucune donnée en dehors du territoire français, et que toutes ces données sont cryptées via un algorithme de chiffrement AES-256,

Ce dispositif à moins vocation à gérer des étudiants qui passent un examen en distanciel, et se positionne en revanche en leader sur les systèmes permettant d’évaluer un candidat dans le cadre d’un recrutement. Des grands groupes de renom ont fait appel à Mereos lors de recrutements massifs, ce qui leur a permis une embauche efficace parmi les meilleurs talents candidats aux différents postes proposés.

Le système Mereos semble également avoir fait ses preuves au niveau européen en matière de formation professionnelle en s’intégrant à de nombreux LMS (Learning Management System) et en proposant tout en panel de tests standardisés pour une diffusion large et des solutions adaptées au plus grand nombre.

Le dispositif Passerelle, le CNEEL va plus loin

Imaginé et conçus pour les élèves de première et de terminale, le dispositif Passerelle, mis en avant par le CNEEL (Centre National d’Enseignement E-Learning), reproduit une salle d’examen digitalisée. Le dispositif passerelle permet aux candidats de passer l’examen via leur ordinateur ou sur une feuille en utilisant, comme c’est le plus souvent le cas dans le cadre scolaire et universitaire, une feuille et un stylo.

Le dispositif passerelle, adapté autant aux gauchers qu’aux droitiers, se compose de quatre éléments étudiés pour une ergonomie adaptée à la mise en situation d’un examen, ainsi nous retrouvons :

  • Une caméra de télésurveillance fixe,
  • Un scanner portable,
  • Une caméra de télésurveillance mobile (360°),
  • Le tapis de positionnement,

Le prérequis du candidat étant :

  • Un ordinateur
  • Le navigateur Chrome
  • Un débit internet stable (2 Mo ascendant étant nécessaires)

Dispositif Passerelle du CNEEL

Durant l’examen une caméra reste fixée sur le candidat tandis que la caméra mobile peut être actionnée par un examinateur à distance pour vérifier l’environnement de l’élève et s’assurer qu’il est bien seul dans la ‘salle d’examen’.

Le scanner permet en outre de pouvoir scanner la pièce d’identité de l’élève qui est placée dans son dossier numérique, mais également de transmettre sa ‘copie’ en fin d’examen. A ce sujet, la présence aléatoire d’un huissier permet de contrôler le dispositif en place.

Lorsque l’examen se fait via l’ordinateur, les fonctionnalités de navigation sont verrouillées et l’ordinateur est contrôlé.

Les 2 caméras permettent un réel contrôle du candidat et de son environnement (comme c’est le cas en présentiel).

Le tapis d’examen a pour unique vocation d’éviter le casse-tête du placement de chaque élément, ainsi, chaque élève se retrouve à égalité face à sa copie, et le ‘décor’ est identique pour chacun.

Tout comme un examen en présentiel, L’examinateur à la possibilité de suivre ainsi plusieurs élèves en simultané, et l’examen se passe en temps réel. Les séances sont enregistrées et conservées au besoin des audits de contrôle. Une fois le temps de l’examen imparti, le candidat doit scanner sa copie via le scanner portable situé sur son tapis, et peut dès lors se déconnecter.

Le dispositif une fois en place permet de proposer un environnement agréable à l’élève tout en lui offrant un décor positivement contraignant, ce qui est exactement le résultat attendu en période d’examen où l’on veut s’assurer de pouvoir évaluer dans les meilleures conditions les acquis de l’élève.

L’un des leitmotiv du CNEEL est justement de s’assurer que chaque élève puisse avoir les mêmes chances de réussite, en particulier les élèves qui (hors pandémie et nécessité sanitaire) n’ont pas d’autre choix que de suivre des cours en distanciel et désirent valider leur formation scolaire post BAC en conformité avec les règles imposées par l’éducation nationale.

C’est tout l’objet du dispositif Passerelle qui reproduit l’environnement d’un examen académique traditionnel.

Les avantages et inconvénients des dispositifs de contrôle d’examens à distance

Toutefois, malgré les nombreux avantages qu’offrent ces dispositifs de contrôle d’examens à distance, ils ne sont pas exempts d’inconvénients.

D’abord, la mise en place de ces systèmes nécessite des compétences techniques pointues. Les écoles et universités doivent investir dans du matériel informatique sophistiqué ainsi que dans l’acquisition de licences logicielles coûteuses pour garantir le bon fonctionnement du système.

Certains étudiants peuvent se sentir dérangés par ces systèmes intrusifs qui surveillent leur moindre geste pendant toute la durée de l’examen. Leur utilisation peut être encadrée par une charte ou un règlement intérieur stricts afin d’éviter des situations conflictuelles avec les élèves concernés.

Certains candidats peuvent rencontrer des difficultés techniques lorsqu’ils passent leurs examens à domicile : problème de connexion Internet instable, panne électrique ou technologique soudaine… Ces incidents imprévisibles ont déjà pu causer beaucoup d’anxiété chez certains étudiants stressés qui craignaient une coupure subite pouvant rendre impossible la poursuite de leur examen.

Il n’est pas rare que certains étudiants fassent preuve d’une grande ingéniosité pour contourner les mesures anti-fraude mises en place. Certains candidats utiliseraient notamment plusieurs ordinateurs connectés entre eux pour pouvoir communiquer avec quelqu’un situé hors-champ au moment où ils consultent des documents interdits durant leur examen. Pour éviter cela, certains dispositifs mettent aussi en place une surveillance audio.

Vous devez noter que ces dispositifs ne sont pas infaillibles et peuvent donner lieu à des erreurs d’interprétation ou d’évaluation. En cas de litige, les écoles doivent donc prévoir un mécanisme transparent permettant aux élèves contestataires de réclamer une réévaluation ou toute autre forme de recours.

Malgré ces quelques limites techniques et humaines, il n’en reste pas moins que l’utilisation des dispositifs de contrôle d’examens à distance constitue aujourd’hui une solution efficace pour garantir la continuité pédagogique en temps de pandémie où la distanciation physique s’impose tout en évitant toute triche intempestive. Leur utilisation devrait se développer dans les années à venir, sous certainement des formules renouvelées et améliorées technologiquement car ils apparaissent comme étant une réponse adéquate face aux difficultés rencontrées par les établissements scolaires lorsqu’ils ont besoin d’organiser leurs examens sur site.

Les perspectives d’évolution des dispositifs de contrôle d’examens à distance dans l’enseignement supérieur

Avec la généralisation de l’enseignement à distance, les dispositifs de contrôle d’examens ont connu une véritable explosion ces dernières années. Les enjeux étant multiples pour les établissements, ils devront s’adapter aux nouvelles technologies et proposer des dispositifs toujours plus performants.

Actuellement, certains outils comme le système Proctorio ou encore Examity sont très utilisés dans les universités américaines et canadiennes. Ces logiciels permettent une surveillance complète de l’étudiant pendant toute la durée de l’examen grâce à des webcams et des microphones intégrés directement sur son ordinateur personnel. Lorsque les candidats passent leur examen en ligne, un surveillant vérifie que tout se passe bien depuis un centre distant.

D’autres dispositifs plus sophistiqués sont aussi en cours de développement, notamment par certaines entreprises spécialisées telles que PSI Services LLC ou Yardstick Testing and Training Systems, qui travaillent déjà avec plusieurs universités pour répondre aux besoins spécifiques du monde académique.

Toujours est-il qu’à mesure que la technologie avance, il y aura certainement encore des nouveautés dans ce domaine. Des algorithmes innovants seront mis au point pour mieux détecter les tentatives frauduleuses des étudiants qui chercheraient à tricher lors d’un examen en distanciel.

Effectivement, il faut souligner que le principal défi consiste aujourd’hui à assurer une meilleure sécurité pendant ces évaluations afin d’éviter toute tentative de triche, même si cela ne peut jamais être totalement évité quel que soit le moyen employé. Les dispositifs de contrôle d’examens à distance devront donc évoluer pour intégrer des systèmes encore plus perfectionnés.

Les dispositifs eux-mêmes sont appelés à s’adapter aux différents types d’évaluations. Par exemple, dans le cas où l’examen en distanciel serait une dissertation ou un travail individuel, il faudra trouver des solutions de prévention contre la triche qui diffèrent grandement du modèle classique d’examen surveillé.

Dans un futur proche, il est possible que ces dispositifs soient dotés de fonctionnalités interactives pour permettre aux enseignants de suivre en temps réel les performances et comportements de leurs élèves pendant leur examen. Ils pourront ainsi intervenir rapidement si besoin est afin d’aider les étudiants en difficulté ou encore mieux comprendre leurs besoins spécifiques.

On peut dire que la généralisation des dispositifs de contrôle d’examens à distance a considérablement changé le paysage scolaire et universitaire. Leurs perspectives futures sont multiples : amélioration technique continue afin qu’ils soient toujours plus performants et plus adaptés aux besoins pédagogiques, développement vers davantage d’interactivité entre professeurs et élèves, etc.

Nul ne sait quelle forme prendront exactement ces dispositifs demain, mais une chose est sûre : ils ont déjà impacté positivement notre manière actuelle d’apprendre tant sur le plan technologique que pédagogique.

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